jeudi 13 novembre 2008

LETTRE A MON FILS TRADER (2) et à tous les autres aussi

le monde d'aujourd'hui

"L
e rapport de la Commission bancaire, daté du 29 octobre, sur l'affaire des 751 millions d'euros perdus sur les marchés aux Caisses d'épargne, a été versé au dossier d'instruction. Boris Picano-Nacci, le trader à qui est attribuée la perte, a été mis en examen le 30 octobre pour "abus de confiance".

Comme dans l'affaire Kerviel, le rapport de la Commission bancaire accable la hiérarchie de la banque. L'autorité de tutelle bancaire écrit ainsi en conclusion : "Le dispositif de contrôle interne destiné à suivre cette activité présente de graves lacunes (...) aucun calcul indépendant du résultat quotidien n'est effectué. Le dispositif de limites est insuffisant et s'appuie sur des indicateurs biaisés (...) Ordre avait été donné à la fin juin de fermer l'activité et de gérer ce portefeuille en extinction, pour préserver le résultat acquis. Le trader a clairement outrepassé cet ordre à partir de la mi-septembre. Un contrôle interne adéquat aurait permis de s'en rendre compte immédiatement, et donc d'éviter les pertes."

De son côté, dans ses procès-verbaux d'audition dont Le Monde a eu connaissance, Boris Picano-Nacci a insisté sur la liberté de manoeuvre dont il jouissait. Et sur le fait que ses opérations n'étaient pas dissimulées mais au contraire, aisément contrôlables. "Je pense que la CNCE (Caisse nationale des caisses d'épargne) est de mauvaise foi (...)", déclare-t-il aux policiers lors de sa garde à vue, le 29 octobre, affirmant que son plan de gestion a été "validé par des opérationnels". "Comme la CNCE a perdu de l'argent, poursuit-il, c'est une manière de dire au grand public que chez eux, tout va bien, que les pertes sont dues à un trader fou."

"JE PENSE QU'IL SAVAIT"

Le trader n'était-il pas censé ne pas prendre de risques, pour gérer "en extinction" des investissements pour compte propre censés s'arrêter fin 2008 ? "Tout dépend de ce qu'on entend par gestion extinctive, répond le jeune trader, pour moi c'était accompagner les positions au fur et à mesure afin de les déboucler en totalité au 31 décembre 2008". Il poursuit : "Mes positions supprimaient du risque normal pour rajouter du risque extrême mais ces opérations ont été faites au vu et au su de tous et ne m'ont pas été reprochées à l'instant. On me les a reprochées quand j'ai perdu de l'argent."

Le trader ne devait-il pas respecter des limites de risques, comme l'affirme la direction ? "Je n'ai signé aucune limite, à ma connaissance il n'y en avait pas (...) seule une limite calculée sur les risques. Si je faisais 20 ou 30 millions d'euros de P & L (résultat) c'était déjà une bonne année (...) Je ne m'étais pas imposé de réelles restrictions, j'essayais de prendre des engagements en adéquation avec mes objectifs de performance."

Ses supérieurs hiérarchiques étaient-ils au courant de ses "nouvelles positions" prises sur les marchés ? "Je pense qu'il savait, déclare Boris Picano-Nacci en parlant de son responsable direct, même si je ne le lui ai pas dit expressément et que je n'avais pas à le faire".

Par ailleurs, le trader tente de justifier ses choix d'investissement. Il affirme qu'il pensait faire gagner de l'argent à sa banque, en pariant sur une atténuation de la crise boursière : "Il s'agissait de dire (...) que la volatilité allait continuer à monter jusqu'à un certain point et les marchés allaient continuer à baisser jusqu'à un certain point. C'est pour prévenir ces mouvements que de nouvelles positions ont été prises (...) Au moment où j'ai pris la position mes engagements en terme de sensibilité étaient normaux mais ils ont explosé le 10 octobre." S'il avait pu imaginer que le risque extrême se réalise, assure-t-il, "je n'aurais pas pris ces positions". En 2007 et 2008, le jeune trader a perçu 68 000 euros de bonus.

Gérard Davet et Anne Michel"


C'EST INCROYABLE LA MANIERE DONT LES DONNEURS D'ORDRE SE DEFAUSSENT.
C'est le système qui est malade.
Le boulot des traders, qui n'aurait jamais du exister
est sans doute parfaitement aléatoire par ces temps de tangage.

On joue à qui perd gagne,
et dans la panique de sa peur de la perte de confiance des clients,
la banque fait passer pour malhonnêtes des gens
à qui on a demandé de faire ce boulot parce qu'il rapportait gros,
si gros que pour les garder,
on leur filait des bonus..
encore que le bonus de la caisse d'épargne ,
c'est pas du gros à ce que je vois..
c'est trés ecureuil... en quelque sorte...


Comme tu sais, j'ai toujours été trés peinée que tu t'engages dans ce travail,
avec ton intelligence,
tes capacité d'inventions,
et aussi et surtout tes qualités humaines.
Voilà maintenant que sans doute,
ces "gens "
s'apprêtent à te broyer.

C'est une honte.

Je te dis que c'est un coup monté :
les plus belles intelligences occupées par des banquiers
pour qu'elles ne s'occupent pas CONTRE les banquiers.

Et on nous raconte que cela a tiré l'économie mondiale depuis 20 ans !
quelle blague; en 20 ans, plus de misère, plus de famine, plus de dérèglement climatique, plus de disparitions d' espèces...
c'est pas du progrès ça !!

et maintenant, on démolit les plus belles intelligences,
celles qui étaient si belles qu'on -
on, nous tous-
on a investi 20 fois plus pour les former que pour former un étudiant de fac.

Je te dis qu'on vous a rapté pour que vous ne regardiez pas
ce monde se pourrir
y compris grâce à vous.

Mon Fils chéri, je t'avais écrit il y a quelques mois bien avant tous ces chaos,
que t'étais dans le titanic et qu'il fallait sauter.
Ca va pas s'arranger
SAUTE.

Ta mère qui t'aime.

2 commentaires:

alain a dit…

je me suis fait foutre de moi quand en octobre 2007 j'ai vendu tout mon portefeuille boursier.Mon fils travaille à l'expat et la plupart de ces amis à l'étranger,comme lui,ont placé leurs avoir en bourse pour s'acheter une maison en rentrant en France,ils ont tous perdu 50 à 60% de leurs portefeuille

JARDINS LIBRES a dit…

réponse trés en retard et qui a vu, avec le temps, les pertes s'augmenter gravement...
on arrive tout doucement ..
à ce que j'ai analysé il y a plus de 20 ans en voyant ces vents de crédit se fabriquer à vitesse toute V...
Qui aurait dit il y a six mois que quasi tous les économistes et même les plus libéraux, avoueraient le déséquilibre du partage entre salariés et actionnaires ,
cause de tout...
une crise de système et non une crise passagère.
On nous prépare
on nous prépare,
au grand chambardement..

Comme paysagiste,
c'est un beau métier que je déconseille à qui veut manger gras,
je n'ai pu accumuler réserve et encore moins portefeuille.
Mais mon père m'a légué quelques Euros pour payer les droits de sa succession dont il me reste une bricole, je veux dire pas de quoi m'acheter une demi chiotte pour me loger, quoique peut-être quand même un m2 dans le 9-3..

Bref, j'ai été retirer cet argent de mon livret A, je préfère l'avoir sous mon matelas..

Cela a complétement affolé la postière .
J'en rigole encore.
Par les temps qui courrent, la vieille loi qui dit qu'à la bourse, on a pas perdu tant qu'on a pas vendu, est obsolète de chez obsolète.
Tout le monde ne sera pas servi.

D'ailleurs, qui peut croire que la bourse peut rapporter à tous !
c'est comme le PMU en quelques sorte.

Faut il que l'humain soit crédule !
Retournons à nos jardins, c'est plus sûr et moins poison.

Bienvenue à mon second petit fils Louis, qui devra se contenter d'une plus grande sagesse.
Louis viendra au jardin, c'est certain.
Il porte déjà des arbres de vie.