lundi 17 novembre 2008

DU POISON AU JARDIN... A LA PLACE D'UN REGARD...


Je pratique le brf sans en connaitre le nom depuis plus de trente cinq ans dans mon jardin personnel,
et ai tenté avec plus ou moins de succès,
de convaincre mes clients...
ma famille, mes amis,mes enfants,
d'en faire autant.

Cependant l'obsession du "propre", du... "faire propre",
c'est à dire du statique, c'est à dire du mort, en fait,
a toujours eu le dessus.
Le mulch oui,
même couteux en écorces de pin
mais le BRF, les champignons, les cloportes les vers de terre, NON.
Même Gilles Clément a dû, aux Arts Premiers..

Le poison chimique oui,
surtout s'il est dit "propre",
mais les orties et l'équilibre des mélanges plantés NON.

Suivre les recettes de la pub télé pour vendre OUI,
réfléchir et observer NON.
Les massifs fleuris oui,
achetés en petits godets pleins de saloperies pour être vendus à la date T
et baisser le nez ensuite OUI,
mais les parties non tondues où apparaissent des milliers de fleurs amenées par les oiseaux ou contenues par la terre NON.

En gros, le soi-disant maitrisé OUI
et la surprise de la nature NON.
La recette de Truffaut OUI,
l'invention NON.

Il faut dire que c'est assez compliqué... aussi compliqué que la médecine
et sans doute les mêmes a priori, les mêmes défauts, les mêmes enjeux..
et je ne parle même pas de la fabrication de l'espace,
qui est un autre thème et constitue l'autre moitié du métier de paysagiste et d'aménageur
sans doute le p lus difficile.

Les choses changent, mais si lentement!.
Mon jardin fait figure de jardin de cinglé.
Pas plus tard que il y a quelques semaines,
au maire adjoint chargé de l'urbanisme qui me reprochait
le " manque d'entretien de mon jardin",
je répondais que oui,
je cultivais les orties,
que j'en faisais des massifs, et même de la soupe,
l'oeil se leva...

et qu'il serait bien qu'il considérât je constituais la seule réserve du village
avec abeilles et plus de 600 espèces sur 1000 m2,
que dans 10 ans tout le monde cultiverait comme moi :
stupéfaction de l'intéressé,
qui peut être, fit le rapprochement entre ses peurs du changement climatique
et mon jardin,
mais ce n'est pas sûr..
J'ai bien vu qu' un peu plus âgée et impotente,
il eu considéré de son devoir de me faire fissa interner en maison de retraite.

Les jeunes gens qui ont écrit le livre sur le BRF par militantisme
et aussi pour gagner trois sous,
sont venus me rendre visite sur place : ce serait le seul jardin d'agrément dont trente ans d'expérience BRF...
Bois Raméal Fragmenté.
Ce n'est pas la seule technique que j'utilise et j'ai trouvé le livre assez primaire.
Ce sera sans doute un effet de mode car il faut retrousser ses manches et avoir la patience... du temps.
Par les temps qui courent, justement,
les vendeurs sont plus forts que les patients qui se savent peu savants.

Contrairement à toute attente,
je me suis tout à fait passionnée pour l'écologie appliquée il y a plus de quarante ans,
grâce à un professeur génial à l'ENSH de Versailles
qui s'appelait M. Montaigut * et n'a pas fait plus de bruit que ça.
On ne peut en effet inventer et se faire connaître,
faut choisir....
Sa passion de l'observation de la nature
et des déductions auxquelles il faut travailler dur ensuite,
l'avaient d'ailleurs rendu cardiaque..

A son médecin qui lui disait.. mais reposez vous,
allez faire un tour en forêt !!
"Malheureux, en forêt impossible, je me reposerai,
peut être dans un supermarché, mais pas en forêt ! !"
Je rigole.
Mais vous voyez bien que tout est à l'envers.
Mon fils joue au golf plusieurs fois par semaine,
parait que les traders trinquent,
je lui demande chaque lundi s'il a été marcher dans son rund-up et s'il a bien nettoyé
ses chaussures ses balles et ses mains.. et s'il a gagné.

Je connais des Golfeurs qui se piquent de biodiversité..
Quelle triste blague.
Pire que les grandes cultures..
C'est comme ça.
L'homme a peur de la vie et pourtant,
les moquettes vertes sont difficile à nettoyer,
si difficile, qu'on préfère .. tondre l'herbe bien vivante,
sinon, n'en doutez pas,
nos jardins seraient de plastique.

j'ai été choquée que le titre "l'Arbre et la haie" ait été dérobé à Dominique Soltner,
http://www.soltner.fr

*Jacques Montaigut, professeur émérite d’écologie végétale, qui a formé l’ensemble des paysagistes de ma génération.

3 commentaires:

alain a dit…

la soupe d'ortie,peu la connaisse et c'est si bon. Je mets toujours une poignée de feuilles d'ortie broyées sous chacun de mes repiquages de légumes,c'est un merveilleux engrais et ça sent moins mauvais que le purin d'ortie.

JARDINS LIBRES a dit…

Encore moins compliqué.. je pose les orties que je viens d'arracher .. aux pieds de mes légumes ou de mes arbustes...Pour les légumes ça complique les transports de limaces... on peut toujours réver..
Pour les arbres ou les arbustes, c'est la pluie qui fait fondre mon engrais.. Je ne fais de purin que pour traiter les orchidées avant de les rentrer en octobre, en effet, ça pue vraiment trop.
De l'avis de la Dame de Balaine où sont les plus beaux Cornus florida de France, c'est la dépose chaque année de ces orties qui explique le beau développement de mes Cornus Kousa, alors que leur sol est calcaire.
Pour ma part, je pense que le BRF y est pour beaucoup aussi.
Depuis que j'utilise un broyeur, j'observe que la fabrication de ce qui ressemble fort à de l'humus est trés accélérée. En moins de trois semaines, on peut voir les filaments de champignons.La délicieuse odeur de forêt en prime.
Pour la soupe d'orties, je finis par la servir sans en annoncer la composition. Elle fait peur !
Mais oui, elle fait peur!

Nature'L a dit…

Merci pour l'article.
Changer de regard sur la nature prend du temps.
Porter un regard différent sur les plantes sauvages nommées "mauvaises herbes" est un vrai parcours. J'espère que le chemin ne sera pas trop long car elles nourrissent la moitié du vivant. Alors oui à un jardin naturel, oui au manque d'entretien et oui aux orties.